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Adolphe Brongniart : Biographie

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Adolphe Brongniart

Né le 14 janvier 1801
Décédé le 18 février 1876
Botaniste / Paléobotaniste
Père de la paléobotanique et cofondateur de la Société botanique de France.

Les vertes années d'Adolphe Brongniart (1801-1822)

Adolphe Brongniart est né à Paris le 14 janvier 1801 dans une famille aux profils très riches du côté paternel. Son père, Alexandre Brongniart, était minéralogiste. Son oncle, Antoine Brongniart, était apothicaire et professeur de chimie au Jardin des plantes. Son grand-père, Alexandre-Théodore Brongniart, était un architecte à l'oeuvre prolifique. Son arrière-grand-père, Ignace-Théodore Brongniart, était apothicaire et celui qui installa les Brongniart à Paris au début du XVIIIe siècle, en pleine gloire du jardin à la française d'André Le Nôtre.

Adolphe Brongniart grandit ainsi dans une famille de la bonne bourgeoisie parisienne qui compte, certes lointains, quelques aïeux anoblis.

Le père d'Adolphe Brongniart eut une éducation particulière avec un précepteur atypique: François Peyrard. Inconnu aujourd'hui, François Peyrard a une certaine notoriété de son vivant. Professeur et bibliothécaire à l'école polytechnique, il est aussi rédacteur du journal de l'école, professeur de mathématiques et de géométrie, philosophe et traducteur de grec et de latin, connu pour ses traductions d'Euclide et d'Archimède. Son tempérament colérique, volontiers dirigé contre ses pairs, freine cependant sa carrière. De plus, il est notoirement un mari infidèle, divorçant des années après s'être mis en ménage avec sa maîtresse... un style de vie pour le moins anachronique. Esprit brillant, avec de la diplomatie et des moeurs moins légères, sans doute aurait-il connu une trajectoire honorifique et une reconnaissance posthume.

Alexandre Brongniart, issu d'une tradition familiale de spécialistes, est alors formé par un intellectuel au contraire très généraliste. Cette expérience le marque au point de rompre avec la tradition familiale, ajoutant à sa profession de minéralogiste celles de naturaliste, géologue, paléontologiste, zoologiste et botaniste. Une telle diversité n'est alors pas déconsidérée, ce n'est qu'à partir de la deuxième moitié du XXe siècle que la dictature de la spécialisation s'impose.

C'est dans ce même état d'esprit qu'Adolphe Brongniart est éduqué, encouragé à s'intéresser à tout. Il adhère jeune à la Société philomathique de Paris cofondée par son père, ainsi qu'à la Société d'Histoire Naturelle de Paris. Son père voyage beaucoup pour son travail et emmène parfois son fils avec lui sur certains sites, développant ainsi son intérêt pour la nature.

Bien plus scientifique que littéraire, Adolphe Brongniart développent en grandissant des intérêts pour la botanique, la mycologie et la zoologie. Après ses études secondaires, il entreprend alors des études de médecine, celles-ci ayant l'avantage d'être un tremplin pour ces disciplines et permettent traditionnellement aux botanistes d'accéder à un niveau supérieur de respectabilité.

Adolphe Brongniart n'est cependant pas un homme de la terre, le jardinage et la culture des plantes en général ne l'intéressent guère, préférant se concentrer sur les aspects strictement botaniques.

Les origines du jardinage, naissance de la paléobotanique (1822-1833)

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Exemple de fossile végétal (Fagus sylvatica pliocenica) étudié en paléobotanique.

En parallèle à ses études de médecine, il se lance dans la botanique en autodidacte et publie dès 1822 un premier mémoire « Sur la classification et la distribution des végétaux fossiles ». Ce mémoire d'une centaine de pages est généralement considéré comme l'acte de naissance de la paléobotanique. Adolphe Brongniart n'a que 21 ans lorsqu'il fait naître une discipline à lui seul.

« si l'étude botanique de ces fossiles parvient à faire connoître les plantes auxquelles ces débris ont dû appartenir, ces résultats deviendront d'un intérêt bien plus grand en nous indiquant la différence de la végétation qui a couvert la surface de la terre aux diverses époques auxquelles ces terrains se sont formés »
Extrait de l'introduction du mémoire de Adolphe Brongniart.

En 1825, Adolphe Brongniart publie un guide des champignons, « Essai d'une classification naturelle des Champignons ».

Le 27 juillet 1826 à 25 ans, Adolphe Brongniart soutient sa thèse de doctorat, son mémoire ayant pour thème les plantes médicinales « Mémoire sur la famille des Rhamnées, ou histoire naturelle et médicale des genres qui composent ce groupe de plantes ». Il devient alors médecin mais il est probable qu'il n'ait jamais véritablement pratiqué la médecine.

Adolphe Brongniart publie à nouveau dès les mois qui suivent un mémoire sur le développement de l'embryon végétal.

En 1827, Adolphe Brongniart remporte grâce à ce mémoire le grand prix de physiologie expérimentale de l'Académie des sciences. Bourreau de travail, il publie la même année le premier compte rendu sur le développement des pollens.

En 1828, Adolphe Brongniart publie « Prodome d'une histoire des végétaux fossiles ». Suite à cette publication, débute « Histoire des végétaux fossiles: Recherches botaniques et géologiques sur les végétaux renfermés dans les différentes couches du globe », une série de publications qui s'achèvera en 1837.

En 1830, Adolphe Brongniart publie « Recherches sur la structure et les fonctions des feuilles », considéré comme l'une de ses meilleures publications, autant utiles aux botanistes qu'aux professionnels du jardinage.

Monsieur le professeur, une renommée internationale (1833-1854)

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Jardin des plantes de Paris, siège du Muséum national d'histoire naturelle.

En 1833, le Muséum national d'histoire naturelle de Paris lui confie la chaire de botanique au sein du muséum. Adolphe Brongniart devient ainsi professeur de botanique à 32 ans au sein d'une institution prestigieuse. L'année suivante, il est élu membre de l'Académie des Sciences.

En 1836, désormais propriétaire d'un herbier considérable après des années d'herborisation, Adolphe Brongniart en fait don au Muséum national d'histoire naturelle de Paris qui fait là une acquisition de premier ordre. Un autre botaniste, Joseph Pitton de Tournefort, avait également constitué un herbier célèbre.

Dès les années 1830, grâce à ses publications et l'émergence de la paléobotanique, Adolphe Brongniart acquiert une renommée qui dépasse les frontières. En 1841, la Geological Society of London lui décerne une médaille pour l'ensemble de son oeuvre.

En 1843, Adolphe Brongniart dévoile son système de classification du règne végétal à travers « Énumération des plantes cultivées au Muséum d'Histoire naturelle de Paris suivant l'ordre établi dans l'école de botanique en 1843 », autre ouvrage qui suscitera également de l'intérêt dans le monde du jardinage.

En 1847, il devient président de l'Académie des sciences.

Société botanique de France (1854-1870)

Le 24 mai 1854, Adolphe Brongniart crée la Société botanique de France avec Antoine François Passy, Joseph Decaisne, Horace Bénédict Alfred Moquin-Tandon, le Comte Hippolyte Jaubert, Louis Graves, le Vicomte de Noé, Timothée Puel, Charles Philippe Robin, Alphonse Maille, Ernest Staint-Charles Cosson, Pierre Étienne Simon Duchartre, Wladimir de Schoenefeld, Adolphe De Bouis et Jacques Nicolas Ernest Germain de Saint-Pierre.

La Société botanique de France est basée sur le modèle de la Société géologique de France qui en est, en quelque sorte, la marraine ; hébergeant d'ailleurs les premières réunions. Son objectif premier est de contribuer aux progrès dans la botanique, notamment en facilitant autant que faire se peut les recherches de ses membres. Le deuxième objectif est de faire connaître la botanique. Ses membres viendront d'horizons divers, en plus d'être botanistes, beaucoup seront également médecins, professionnels du jardinage, professeurs etc.

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Napoléon III, Président de la république française de 1848 à 1852 puis Empereur des français de 1852 à 1871.

Adolphe Brongniart est nommé Inspecteur général de l'enseignement supérieur pour les sciences durant la deuxième moitié du Second Empire et le restera au moins jusqu'à son terme en 1871. Il est par ailleurs régulièrement consulté par différents organes gouvernementaux sur les questions horticoles et agricoles, bien que n'étant pas agronome comme l'était Olivier de Serres, ni horticulteur ou même jardinier comme l'est à la même époque Joseph Monier.

Les dernières années d'Adolphe Brongniart (1870-1876)

Depuis quelques années, très pris par ses différentes activités, entre ses carrières de professeur, d'inspecteur général et la Société botanique de France, ainsi que quelques engagements honorifiques en Suède et en Allemagne, Adolphe Brongniart ne publie que très épisodiquement. Bien que toujours actif, ses travaux majeurs sont néanmoins derrière lui.

Il décède finalement le 18 février 1876 à 75 ans, de cause inconnue, sans doute de vieillesse, léguant au Monde la paléobotanique.

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Publié par sur Jardin Secrets le 17-08-2014

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