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Charles Plumier : Biographie

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Charles Plumier

Né le 20 avril 1646
Décédé le 20 novembre 1704
Botaniste, naturaliste explorateur
Spécialiste de la flore antillaise

Les vertes années de Charles Plumier (1646-1669 environ)

Charles Plumier est né à Marseille si l'on en croit son acte de baptême de la paroisse Saint Martin, à Auriol si on se fie aux dires de cette commune qui a toujours revendiqué avoir été son lieu de naissance, sans jamais toutefois en apporter la preuve. Il est au moins possible d'affirmer qu'il est né dans les Bouches-du-Rhône !

Charles Plumier grandit dans une famille populaire d'artisans. Son père, Jean Plumier, est Maître-Charpentier, comme son père avant lui. Sa mère, Madeleine Plumier née Rousselle, est femme au foyer. Tous deux sont de fervents catholiques, ce qui aura à l'évidence une grande influence sur le destin de leur fils.

Après une enfance calme et studieuse, Charles Plumier entre comme novice en 1663 dans l'Ordre des Minimes ou Ordo Minimorum, un ordre catholique romain appartenant aux Ordres mendiants.

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François Mansart en compagnie de Claude Perrault.

Les Minimes s'inspirent des Franciscains dont ils sont en quelque sorte une branche particulièrement rigoriste, faisant même un voeux de jeûne qui impose le végétalisme. Bien que très austères, les Minimes ont le vent en poupe ; du temps de Charles Plumier les couvents se comptent par centaines dans le Monde, dont un tiers en France. François Mansart, grand architecte et ancien maître d'André Le Nôtre, autre grand nom du jardinage, a même travaillé sur l'une de leurs Églises à Paris. Aujourd'hui cet ordre est marginal, comptant moins de 200 hommes, essentiellement en Italie.

En décembre 1663, âgé de 16 ans, Charles Plumier prononce ses voeux tout en poursuivant ses études. Élève doué, il se passionne d'abord pour le dessin puis pour les mathématiques, à tel point que ses supérieurs l'envoient se perfectionner à Toulouse auprès d'un grand professeur, Emmanuel Magnan, avec lequel il étudiera la géométrie et le polissage des verres ardents et des verres de lunette d'approche. C'est avec bonheur qu'il découvre la géométrie et développe pour elle une véritable passion.

Mais cette passion s'avère dévorante. Envoyé à Rome pour y suivre sa formation de théologien, il préfère l'oeuvre d'Euclide à celle de Saint Thomas, aussi poursuit-il son apprentissage de la géométrie en plus de ses études de théologie déjà très prenantes. Charles Plumier s'épuise à mener ces deux disciplines de front et est renvoyé en France pour y recouvrer la santé.

Durant sa convalescence, Charles Plumier a interdiction d'étudier. On lui impose de simplement profiter de « l'air de la patrie » afin de recouvrer ses forces. C'est ainsi, faute de pouvoir se perdre à nouveau dans les livres, qu'il va s'adonner au jardinage et à l'observation de la nature, se découvrant une passion plus forte et cette fois définitive: la botanique.

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Paolo Silvio Boccone et la Trinité-des-Monts.

Sa convalescence terminée, il implore ses supérieurs de le renvoyer à Rome pour y être instruit par le professeur Paolo Silvio Boccone et obtient finalement leur consentement. Correspondant de Carl von Linné et de plusieurs autres botanistes, auteur d'ouvrages faisant autorité qui deviendra plus tard le botaniste de Ferdinant II puis de Cosme III, Boccone est à l'époque un grand botaniste dont la réputation dépasse largement l'Italie. Charles Plumier part pour le monastère de la Trinité-des-Monts à Rome et aura ainsi le privilège d'être formé par l'un des plus grands.

De l'enfance à l'âge adulte, chez Charles Plumier les passions se succèdent. Le dessin, les mathématiques et la géométrie, finalement le jardinage et la botanique ; faisant de lui un botaniste d'une rigueur maladive et capable de réaliser des croquis d'une extraordinaire précision.

Couvent de Bormes, Garidel et de Tournefort (1669 environ - 1688)

De retour d'Italie, Charles Plumier est nommé au Couvent de Bormes, un ancien château féodal qui domine le village. Il consacre son temps libre à explorer la flore environnante et au-delà, « herborisant » dans les Îles d'Hyères, soit Porquerolles, Île de Bagaud, Port-Cros, Rocher du Rascas, Îlot de la Gabinière, Île du Levant mais aussi dans la Drôme, les Hautes-Alpes, la Savoie et l'Isère.

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Joseph Pitton de Tournefort et le Couvent de Bormes.

Dans les années 1670, il fait la rencontre de Pierre Joseph Garidel, futur médecin et botaniste, grand amoureux des plantes provençales avec lequel ce sera le début d'une longue amitié. Pierre Joseph Garidel fait de son côté la rencontre de Joseph Pitton de Tournefort, autre futur médecin et botaniste, dans le jardin de l'apothicaire Jacques Daumas. Les deux collègues deviennent rapidement amis et Garidel s'empresse de le présenter à Charles Plumier.

Les trois hommes sont bons camarades et partent souvent en expédition ensemble. Charles Plumier, de dix ans leur aîné et alors bien mieux formé, fait office de mentor durant leurs expéditions, contribuant ainsi à la formation de Tournefort qui deviendra un botaniste de premier plan et de Garidel qui publiera des années plus tard « Histoire des plantes qui naissent aux environs d'Aix et dans plusieurs autres endroits de la Provence ». 1400 plantes sont documentées et 100 planches finement gravées, auxquelles Plumier n'est sans doute pas étranger, appuient cette bible du jardinage.

Charles Plumier mène ainsi à titre privé une vie en partie consacrée à la recherche. Bien que n'exerçant aucune fonction officielle, il se crée au niveau local une solide réputation de botaniste et est régulièrement consulté à titre amical.

Le voyage aux Amériques (1688-1693)

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Michel Bégon et l'intérieur du port de Marseille.

En 1688, Louis XIV décide d'un voyage d'exploration aux Amériques. Michel Bégon, Intendant des galères à Marseille, doit alors organiser l'expédition.

Bégon désigne un homme de science pluridisciplinaire pour diriger l'exploration en la personne de Joseph-Donat de Surian (pharmacien, herboriste, chimiste et médecin), mais conscient que la botanique n'est pas le point fort de celui-ci, bien qu'instruit sur la question, il offre à Charles Plumier de partir avec de Surian. Plumier s'en réjouit et obtient sans difficulté l'aval de ses supérieurs.

Le départ a lieu l'année suivante, en 1689. Durant ce voyage de 18 mois, Charles Plumier réalise des centaines de dessins et constitue un immense herbier. Toutefois, seuls les dessins survivront à ce voyage, le bateau à bord duquel se trouvait l'herbier ayant fait naufrage.

Le retour est tendu, de Surian qui n'a pas été très productif durant l'expédition cherche à s'attribuer les mérites de Charles Plumier. Il échoue cependant lamentablement, Louis XIV lui-même étant impressionné par l'immense travail accompli par Plumier et le nomme Botaniste du Roi.

Ironie du sort, Joseph-Donat de Surian meurt la même année, intoxiqué par une plante, lui qui était pourtant pharmacien et herboriste.

Mission de repérage aux Antilles et révolution littéraire dans le jardinage (1693-1695)

En 1693, sur ordre de Louis XIV, Charles Plumier part en repérage vers les zones encore inexplorées des Antilles. Il revient la même année afin de rendre compte de la situation au Roi-Soleil.

Charles Plumier, s'appuyant sur ses notes et quelques croquis, confirme à Louis XIV qu'il reste des zones à fort potentiel qui justifieraient amplement une nouvelle mission d'exploration. Louis XIV approuve la mission et lui en confie la responsabilité.

Louis XIV fera également autre chose, impressionné par le livre de Charles Plumier issu de son premier voyage, il entreprend de le faire publier. C'est ainsi qu'en 1693, sort « Description des plantes de l'Amérique avec leurs figures », entièrement imprimé et gravé aux frais de l'État sur ordre direct de Louis XIV.

Cet ouvrage est une petite révolution dans le monde de la botanique, Charles Plumier ayant observé des espèces qu'aucun autre botaniste n'avait observées avant lui. Il se divise en trois parties, Fougères, Aracées et Pipéracées, Plantes grimpantes. Carl von Linné s'inspirera largement de cet ouvrage pour ses propres travaux, notamment pour « Species » et la Société Royale de Londres s'en procurera un exemplaire pour l'imprimer à son tour.

Huit ans aux Antilles (1695-1703)

En 1695, Charles Plumier repart. Il consacre les années suivantes à explorer la Guadeloupe, la Martinique, Haïti (« Saint-Domingue » à l'époque) et le Brésil.

Ce voyage est d'une importance considérable, Charles Plumier découvre plus d'une centaine de nouveaux genres, confirmant sa réputation, ô combien méritée, de spécialiste de la flore antillaise. Il publiera tout dans « Nova plantarum americanarum genera » à son retour en 1703. Une fois de plus, offrant une source d'inspiration conséquente à Carl von Linné.

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Le Fuchsia, par Charles Plumier.

Charles Plumier découvrira la Vanille, le Bégonia, le Fuchsia, le Lobélia, le Magnolia, fera des milliers de dessins, dont un tiers représentait la faune. Il n'a par ailleurs jamais oublié Michel Bégon, sans qui son destin ce serait limité à son couvent et lui rend hommage avec « Bégonia ».

Fuchsia, Lobélia et Magnolia font également référence à des personnes. Cette façon sui generis de nommer les plantes est presque immédiatement imitée par d'autres botanistes et deviendra un classique. Ce classique inventé et imposé par Charles Plumier ira bien au-delà de la botanique.

Le voyage de trop, les dernières années de Charles Plumier (1703-1704)

De retour des Antilles, Charles Plumier est très diminué. Désormais âgé de 57 ans, il ne supporte plus aussi bien qu'avant les grandes expéditions et n'est pas désireux de repartir.

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Guy-Crescent Fagon et Louis XIV.

Mais Guy-Crescent Fagon, médecin de Louis XIV et célèbre dans le monde du jardinage, dont le grand-oncle Guy de La Brosse est par ailleurs le fondateur du Jardin du Roi, regrette que le Quinquina d'Amérique ne fasse l'objet d'aucune documentation. Il demande donc à Charles Plumier de partir pour le Pérou afin que ce manquement soit corrigé.

Malgré sa mauvaise santé et sans doute se sentant obligé, Charles Plumier part donc pour le Pérou, qu'il n'atteindra hélas jamais, décédant en Espagne le 16 novembre 1704 à 58 ans.

C'est donc à titre posthume que son dernier livre sera publié en 1705, le « Traité des fougères de l'Amérique ».

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Publié par sur Jardin Secrets le 12-07-2014

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