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Joseph de Boissieu : Biographie

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Joseph de Boissieu

Né le 26 janvier 1758
Décédé en 1788 (date exacte inconnu)
Botaniste, biologiste, médecin et explorateur
Botaniste de l'Expédition de la Pérouse

Les vertes années de Joseph de Boissieu (1758-1781 environ)

Joseph de Boissieu (Joseph Hugues de Boissieu La Martinière) est né le 26 janvier 1758 à Saint-Marcellin en Isère. Dans son village natal, il grandit avec Antoine-François Brenier de Montmorand de quelques années son cadet, futur grand général de l'armée française qui rentrera dans la légende en 1811 grâce au blocus d'Almeida au Portugal. Encerclés par les anglais qui les dominaient largement en nombre, le général Brenier et ses hommes parvinrent tout de même à échapper au massacre, rejoignant ensuite les troupes du maréchal Masséna qui n'en crut pas ses yeux.

Joseph de Boissieu est issu d'une famille de la grande bourgeoisie française, finalement anoblie au début du XVIIIe siècle. Son père, Jean Joseph de Boissieu, est médecin et consul de Saint-Marcellin.

À l'origine, le jardinage comme la botanique ne sont pas dans les passions de Joseph de Boissieu, son goût pour les plantes et le jardinage lui viendra plus tard. Dans un premier temps, après ses études secondaires, il s'engage dans des études de médecine à Montpellier.

Le frère de Joseph de Boissieu, Pierre Joseph Didier de Boissieu, sera un avocat de renom ainsi qu'un homme politique de premier plan en Isère.

Rencontre avec la botanique et le jardinage (1781 environ-1783)

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André Thouin

Après ses études, Joseph de Boissieu part à Paris. Il y fait la rencontre du botaniste André Thouin.

André Thouin (1747-1824) était de son vivant une sommité dans la botanique, le jardinage et l'agronomie. Grand pédagogue, il est le créateur en 1806 d'une école d'agriculture et de jardinage qui formera des générations de jardiniers et de botanistes, notamment le jardinier Nicolas Bréon ou encore le jardinier et inventeur du béton armé Joseph Monier. Avant la création de cette école, il prend sous son aile de jeunes talents, notamment Joseph de Boissieu qui s'intéresse depuis quelques temps à la botanique.

Encouragé par André Thouin qui devient son mentor, Joseph de Boissieu va ainsi s'intéresser au jardinage et devenir un botaniste de premier plan.

Joseph de Boissieu est rapidement remarqué par Louis XVI, sans doute par l'intermédiaire d'André Thouin. À peine âgé d'une vingtaine d'années, il est nommé botaniste du roi.

Expédition de la Pérouse - les préparatifs (1783-1785)

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Jean-François de la Pérouse à gauche, présentant ses plans à Louis XVI.

En 1783, quelques années après la guerre d'indépendance des États-Unis (contre les britanniques), gagnée par les américains grâce à la Marine française envoyée pour leur prêter main forte, Louis XVI décide d'organiser une expédition autour du monde. Le souverain se souvient de Jean François de Galaup, comte de la Pérouse, dit Jean-François de la Pérouse, officier de marine qui s'est distingué durant la guerre et décide de lui confier la responsabilité de ce périple. Joseph de Boissieu assiste aux préparatifs et manifeste son souhait d'y prendre part.

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Robert de Lamanon et Jean-André Mongez

Cette expédition a pour but de cartographier certaines zones encore inconnues ou mal connues, établir de nouvelles routes maritimes, améliorer le commerce et explorer la faune et la flore. Le volet naturaliste du voyage suscite l'intérêt des plus éminents scientifiques de l'époque, tous répondent présent à l'appel de Louis XVI lorsque celui-ci les sollicite pour préparer l'exploration. Le botaniste, physicien et météorologue Robert de Lamanon et le minéralogiste et physicien Jean-André Mongez sont désignés pour superviser. Joseph de Boissieu obtient sa place au sein de l'équipage en tant que botaniste.

L'Expédition de la Pérouse est un projet très ambitieux. Joseph de Boissieu se retrouve au milieu de 220 marins, militaires, scientifiques, médecins, ingénieurs, artistes, religieux et ouvriers. Deux navires marchands de 500 tonneaux sont aménagés pour l'occasion, la Boussole et l'Astrolabe. Jean-François de la Pérouse qui commande la mission sera également le capitaine de la Boussole ; Paul Fleuriot, vicomte de Langle, dit Paul Fleuriot de Langle, commandera l'Astrolabe.

Entre l'aménagement des navires marchands en frégates, l'achat d'instruments scientifiques à l'étranger, les calculs de coordonnées et l'étude de recherches récentes sur le traitement du scorbut, les préparatifs durent deux ans.

Expédition de la Pérouse - le départ (1785-1788)

Le 1er août 1785, après de longs préparatifs, la Boussole et l'Astrolabe quittent enfin le port de Brest et voguent vers l'Alaska. Après trois semaines de traversée, début des ennuis pour ce périple, les navires sont obligés de faire une première escale dans les îles Canaries pour débarquer l'astronome Louis Monge, qui, malade, ne supporte plus le voyage. Les navires restent à quai durant dix jours, offrant ainsi l'occasion à Joseph de Boissieu d'explorer les environs.

Le 30 août, les bateaux repartent. L'équipage ne reverra la terre ferme que six semaines plus tard, le 18 octobre, avec l'île de la Trinité (archipel brésilien). Dans un premier temps, Jean-François de la Pérousse envoi François Tréton de Vaujuas en éclaireur, « l'officier de Marine le plus accompli que j'ai rencontré depuis que je sers. ». La présence inattendue de rochers fait chavirer son canot, il échappe de peu à la mort. Prévenu du danger, un deuxième officier est envoyé et parvient à faire un état des lieux des ressources potentielles sur l'île, l'équipage commençant à manquer d'eau et de bois. Jean-François de la Pérousse est informé qu'il n'y a rien ou peu à espérer, il décide alors de continuer jusqu'à l'île Sainte-Catherine.

Après trois semaines de plus en mer, ils atteignent l'île Sainte-Catherine où ils peuvent se ravitailler. Le voyage continue, passant par le Cap Horn, le Chili, l'île de Pâques, Hawaï et finalement l'Alaska, la première destination. Une fois en Alaska, les ennuis reprennent, une barge et deux chaloupes qui transportait 21 hommes disparaissent en mer.

Après cette disparition tragique, le voyage reprend, passant par la Californie, les îles Mariannes, le Japon, la Russie puis direction l'Océanie. Une fois en Océanie, Jean-François de la Pérouse se fait remarquer lors d'une escale aux Îles Samoa. Alors qu'il herborisait, lui et les hommes l'accompagnant sont attaqués par les samoans. Il parvient à s'échapper et regagne le bateau à la nage, nageant d'un bras seulement pour ne pas se défaire du sac contenant ses récoltes.

Suivent le Royaume des Tonga, l'Australie, la Nouvelle-Calédonie puis l'Australie à nouveau.

La fin brutale de Joseph de Boissieu (1788-1793)

En 1788, alors que l'expédition de la Pérouse explore le sud de l'Australie, la Boussole et l'Astrolabe disparaissent.

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Antoine Bruny d'Entrecasteaux

En septembre 1791, Antoine Bruny d'Entrecasteaux se voit confier deux navires, La Recherche et L'Espérance, puis part en Australie à la recherche de survivants. Après un an d'exploration, en 1793, les deux navires arrivent à Vanikoro, une île sur laquelle se trouvent en effet des survivants de l'expédition. Mais Antoine Bruny d'Entrecasteaux, persuadé de ne rien y trouver, n'explore pas l'île.

On apprendra au XIXe siècle qu'une grande tempête eut raison de la Boussole et l'Astrolabe. L'un coula, l'autre s'échoua au large de Vanikoro. L'essentiel de l'équipage de ce navire survécut et s'installa sur l'île, ce qui pouvait représenter jusqu'à une centaine d'hommes. Joseph de Boissieu en était peut-être, rien n'est sûr.

Pendant qu'une partie des survivants construisait un bateau avec les restes utilisables du bateau échoué, la majorité s'installait sur l'île. Quelques mois plus tard, le nouveau bateau prit la mer avec à son bord une poignée d'hommes, on ignore ce qu'ils sont devenus et si Joseph de Boissieu est parti avec eux. Les autres vécurent ainsi sur Vanikoro durant des décennies.

Le dernier survivant de l'expédition de la Pérouse serait mort dans les années 1820. Peut-être était-ce Joseph de Boissieu, peut-être était-il dans le bateau qui coula en 1788, comme il pouvait aussi être dans l'équipage du navire construit sur l'île. Officiellement, il est décédé en 1788, faute d'information supplémentaire.

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Publié par sur Jardin Secrets le 13-09-2014

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