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Louis-Alphonse de Brébisson : Biographie

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Louis-Alphonse de Brébisson

Né le 25 septembre 1798
Décédé le 26 avril 1872
Botaniste et photographe
Découvreur des algues microscopiques, pionner de la photographie.

Les vertes années de Louis-Alphonse de Brébisson (1798-1825)

Louis-Alphonse de Brébisson est né le 25 septembre 1798 à Falaise (Calvados) dans une grande famille de la noblesse normande. Son père, Jean-Baptiste de Brébisson, est écuyer et seigneur de Brébisson ; sa mère, Louise Grandin, est la fille de Louis Philippe Grandin, seigneur de la Gaillonnière.

Le père de Louis-Alphonse de Brébisson se passionne pour la botanique, le jardinage et l'entomologie (l'étude des insectes, nommée plus simplement « insectologie » à l'époque). L'entomologie s'est largement démocratisée au XVIIIe siècle sous l'impulsion de gens comme René-Antoine Ferchault de Réaumur, ses travaux étaient si populaires qu'ils furent à l'origine de la mode consistant à collectionner les insectes, comme plus tard on collectionnera les timbres ou les épinglettes. Ce phénomène a la vie dure, ne s'estompant que deux siècles plus tard sans jamais mourir, comme en témoignent les adeptes contemporains de la collection entomologique.

Plus qu'un simple passionné, Jean-Baptiste de Brébisson est un entomologiste respecté. Il reçoit régulièrement chez lui d'éminents scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle. À commencer par son directeur, le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu qui formera un nombre incalculable de botanistes et de grands noms du jardinage, Nicolas Bréon par exemple. Il est également très ami avec le minéralogiste Alexandre Brongniart, dont le fils Adolphe Brongniart sera plus tard le père de la paléobotanique. Louis-Alphonse de Brébisson assiste bien souvent aux grandes discussions naturalistes dans lesquelles s'engagent son père et ses invités, finissant par développer lui-même un vif intérêt pour ces sujets.

La famille de Jussieu est par ailleurs une famille très prestigieuse dans le monde du jardinage et de la botanique. Antoine-Laurent de Jussieu est par exemple le neveu d'Antoine de Jussieu, jardinier et botaniste, professeur de botanique au Jardin du Roi et proche d'André Le Nôtre durant les dernières années du père du jardin à la française.

Louis-Alphonse de Brébisson se cherche un temps, s'intéressant d'abord à la minéralogie, suivie de l'entomologie, mais c'est finalement dans la botanique qu'il trouve matière à s'épanouir.

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Arcisse de Caumont

Arrivé à l'adolescence, il étudie au collège de Falaise. Ce collège a la particularité d'avoir l'abbé Hervieu comme principal, météorologue amateur, auteur de plusieurs travaux sur le sujet pour lesquels il est parfois invité comme conférencier. L'abbé Hervieu consacre beaucoup de son temps à encourager les passions de ses élèves, plusieurs d'entre-eux deviendront plus tard des sommités dans leur domaine, gardant un souvenir ému du principal. L'abbé Hervieu remarque très vite l'intérêt de Louis-Alphonse de Brébisson pour les plantes et l'initie alors à la botanique. Trois ans plus tard, Arcisse de Caumont fréquentera le même collège et deviendra un célèbre historien et archéologue du XIXe, connu pour avoir organisé en « périodes » l'histoire de l'architecture.

Pour l'anecdote, quand l'abbé Hervieu quitte ses fonctions de principal en 1825 après 21 ans de service, le nombre d'élèves chute immédiatement. Malgré sa modestie, le collège de Falaise pouvait compter sur la réputation de son principal pour attirer un grand nombre de familles, dont beaucoup de la noblesse et de la grande bourgeoisie qui considéraient que le talent de l'abbé Hervieu justifiait de scolariser leurs enfants dans cette école populaire, malgré la présence d'écoles plus aristocratiques à proximité. Sans l'abbé Hervieu, la mixité sociale redevint une utopie.

Les grands débuts dans la botanique (1825-1839)

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Alphonse Dechauffour de Boisduval

En 1825, Louis-Alphonse de Brébisson part explorer la faune et la flore de la Savoie avec Alphonse Dechauffour de Boisduval, futur médecin et Docteur ès-sciences. Spécialiste des coléoptères (scarabées, coccinelles etc.) et des lépidoptères (papillons), Alphonse Dechauffour de Boisduval publiera lui-même des travaux majeurs dans la botanique et l'entomologie.

Après cette exploration naturaliste, qui sera la seule exploration non-normande de son existence,
Louis-Alphonse de Brébisson publie ses premiers articles la même année, notamment « Étude sur les orchidées des environs de Falaise » et « Coup d'oeil sur la végétation en Normandie considérée dans ses rapports avec le sol et le terrain ».

L'année suivante, il publie avec Frédéric Galeron et le géologue Jules Desnoyers, par ailleurs pionner de la spéléologie française, le tome 1 de « Statistique de l'arrondissement de Falaise ». Le tome 2 paraît en 1828. Ces ouvrages destinés au grand public analysent le Calvados dans ses moindres détails, tant sur le plan naturel que territorial (routes, découpage administratif etc.).

La même année, en 1826, Louis-Alphonse de Brébisson publie le premier fascicule de « Mousses de la Normandie », le quatrième et dernier sera publié en 1839.

En 1835, après plusieurs années de travail sur les plantes aquatiques, il publie « Algues des environs de Falaise décrites et dessinées par MM. de Brébisson et Godey ». Cet ouvrage évoque l'existence d'algues microscopiques pour la première fois de l'histoire. Malgré l'importance de la découverte, il ne s'attarde pas sur le sujet dans cet ouvrage.

En 1836, l'un des plus grands succès populaires de Louis-Alphonse de Brébisson est publié avec « Flore de Normandie ». Plus qu'un ouvrage purement botanique, les amateurs de plantes et de jardinage s'en emparent aussi.

En 1838, après son ouvrage sur les algues paru en 1835, il publie « Considérations sur les Diatomées: et essai d'une classification des genres et des espèces appartenant à cette famille ». Ce premier ouvrage à être entièrement consacré à sa découverte, les algues microscopiques, sera suivi de « Mémoire sur les diatomées » en 1839. Ces deux publications lui vaudront une certaine popularité dans le monde scientifique.

Invention de la photographie: le Daguerréotype (1839-1854)

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Nicéphore Niépce

Quelques années auparavant, en 1827, Nicéphore Niépce, après des années de travail et au prix d'un endettement massif pour conduire ses recherches, réalise un acte qui va révolutionner le monde: une photographie depuis une fenêtre de sa maison, la toute première photo de l'histoire. Bien que la technologie ne soit pas encore au point, produisant des images floues après un temps de pose de plusieurs heures (plusieurs jours selon une reconstitution effectuée dans les années 1990), elle fonctionne.

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Photographie de Louis Daguerre réalisée avec un daguerréotype.

Nicéphore Niépce s'associe à Louis Daguerre pour améliorer le procédé et en faire une version commercialisable. C'est ainsi que va naître le Daguerréotype en 1835, le premier appareil photo de l'histoire. En 1839, après quelques années d'ajustements, sa version finale et commercialisable voit le jour, les images sont nettes et le temps de pose n'est « que » d'une vingtaine de minutes.

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Daguerréotype de 1839

L'invention est présentée à l'Académie des Sciences la même année ainsi qu'à la chambre des députés. Le succès est immédiat, Paris s'empare du Daguerréotype et partout des ateliers voient le jour. De la mère de famille qui veut absolument faire tirer les portraits de ses enfants à la jeune mariée qui veut immortaliser son union, la clientèle afflue. Très vite, la prise de vue extérieure est demandée, de plus en plus d'architectes, de jardiniers ou encore de sculpteurs souhaitent des images de leurs plus belles réalisations.

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Paul Delaroche

Dans les années 1840, n'importe quel atelier produit des milliers d'images par an. Le peintre Paul Delaroche, inventeur de l'anecdote historique et très connu de son vivant, déclare même que « la peinture est morte ».

Louis-Alphonse de Brébisson se passionne pour le Daguerréotype dès 1839. À partir de ce moment, il consacrera une partie importante de sa vie à la photographie et à son amélioration, devenant rapidement professionnel et pionnier de la photographie en Normandie.

En 1841, Louis-Alphonse de Brébisson publie déjà « De quelques modifications apportées aux procédés du daguerréotype » et continuera de publier sur le sujet jusqu'en 1863.

En 1848, il est l'un des premiers à s'intéresser à la photographie sur papier, publiant « Glanes photographiques. Notes complémentaires concernant la photographie sur papier » et met au point l'un des premiers châssis-presse.

L'apogée du photographe (1854-1862)

Le 30 novembre 1854, alors que Louis-Alphonse de Brébisson est désormais une vraie célébrité locale avec ses paysages et ses portraits, il fonde la Société française de photographie avec Olympe Aguado, Félix Avril, Hippolyte Bayard, Edmond Becquerel, Louis-Auguste Bisson, Auguste-Rosalie Bisson, Louis Désiré Blanquart-Evrard, Eugène Durieu, Fortuné Joseph Petiot-Groffier, Louis Adolphe Humbert de Molard et Joseph Vigier.

En 1862, ses différents travaux dans le domaine de la photographie valent à Louis-Alphonse de Brébisson une participation à l'exposition universelle de Londres.

Les dernières années de Louis-Alphonse de Brébisson, retraite et jardinage (1862-1872)

Après l'exposition universelle, la santé de Louis-Alphonse de Brébisson décline. Il doit rapidement renoncer à ses excursions botaniques et prendre sa retraite. Sa vie est désormais consacrée à l'écriture et au jardinage.

Louis-Alphonse de Brébisson écrit donc toujours et publie « L'étudiant micrographe ; traité théorique et pratique du microscope et des préparations » en 1865, suivi de « Note sur quelques diatomées marines rares ou peu connues du littoral de Cherbourg » en 1867.

Ses deux dernières publications se feront désirer, Louis-Alphonse de Brébisson s'affaiblissant de jour en jour. En 1872, sortent finalement « De la Structure des valves des diatomacées » et « Diatmacées ; renfermées dans de le médicament vermifuge connu sous le nom de Mousse de Corse ».

Quelques semaines plus tard, Louis-Alphonse de Brébisson s'éteint paisiblement dans son Calvados natal à 74 ans. Au moment moment, une étoile montante du jardinage devient une valeur sûre: Édouard André.

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Publié par sur Jardin Secrets le 24-08-2014

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