Jardin Secrets
Commenter l'article

Louis Blaringhem : Biographie

Jardin Secrets > Portraits > Louis Blaringhem

Louis Blaringhem

Né le 1er février 1878
Décédé le 1er janvier 1958
Agronome, botaniste et généticien
Spécialiste de la culture des céréales

Les vertes années de Louis Blaringhem (1878-1904)

Louis Blaringhem est né le 1er février 1878 à Locon (Pas-de-Calais). Son père, Louis Blaringhem, est instituteur, tout comme son grand-père, Louis-Désiré Blaringhem. Sa mère, Marie Devaux, vient d'une famille d'agriculteurs.

C'est dans un environnement à la fois intellectuel et agricole que Louis Blaringhem grandit avec ses trois frères et ses deux soeurs, tenant de son père et de son grand-père son goût pour les études et de son grand-père maternel sa passion pour les plantes et le jardinage.

Avec ses frères, ils seront les premiers dans la famille à faire des études supérieures. Deux deviendront ingénieurs et son troisième frère deviendra vétérinaire. Louis Blaringhem sera diplômé de l'École normale supérieure et docteur en sciences naturelles, sa thèse de doctorat est « Action des traumatismes sur la variation et hérédité. Mutation et traumatismes ».

Les grands débuts - bière, jardinage et tabac (1904-1909)

Même si les français ont toujours consommé plus de vin que de bière, il y a une tradition de la bière en France qui remonte à Charlemagne. La bière connaîtra ensuite deux grandes périodes d'essor, la première sous l'impulsion du duc de Bourgogne au XVe siècle, la seconde à la fin du XIXe grâce à la révolution industrielle et l'avènement du chemin de fer. Durant le Second Empire et ses Travaux Haussmanniens qui font le bonheur de Joseph Monier et Édouard André, l'Alsace envoie quotidiennement un train entier de bière vers la capitale.

pub-biere.jpg

Afin que ce marché en pleine expansion ne faiblisse pas, les brasseurs investissent dans de grandes campagnes publicitaires dès le début du XXe siècle et font appel à la science pour améliorer leurs recettes. C'est ainsi qu'en 1904, Louis Blaringhem est envoyé par la « Société d'encouragement de la culture des orges de Brasserie en France » en mission au Laboratoire d'essais de semences de Svalöf en Suède. Il y apprend le contrôle des cultures généalogiques, s'intéresse à la culture du houblon et revient en spécialiste de l'orge. Une fois de retour, il entreprend la sélection des orges de brasserie destinées aux malteurs français.

Quelques mois plus tard, Louis Blaringhem loue des champs labourés pour mener des expériences sur le maïs et sur les lignées d'orges. Il prend par ailleurs l'habitude de se rendre chaque été au jardin botanique d'Amsterdam pour étudier les mutations et les hybrides d'onothères.

En 1908, de concert avec le biologiste et médecin Emile Roux (1853-1933), Louis Blaringhem s'intéresse à la culture du tabac et à la production de nicotine. Il obtient la même année une subvention de l'Académie des sciences pour des études sur la variation des espèces et sur les procédés expérimentaux de création d'espèces végétales.

Institut Pasteur (1909-1914)

louis-pasteur.jpg
Louis Pasteur

Quelques années plus tôt, en 1888, le chimiste et physicien Louis Pasteur (1822-1895) fonde l'Institut Pasteur juste après avoir mis au point le premier vaccin contre la rage, décrivant ainsi l'objet de cet institut: « Il sera à la fois un dispensaire pour le traitement de la rage, un centre de recherche pour les maladies infectieuses et un centre d'enseignement pour les études qui relèvent de la microbie (microbiologie). ».

En 1909, Louis Blaringhem devient « chef de service » à l'Institut Pasteur avec la direction de l'Arboretum de la Maulévrie, près d'Angers.

La même année, en collaboration avec la « Société sucrière de Bourdon », Louis Blaringhem participe à la recherche d'une forme de blé appropriée à l'industrie des pâtes alimentaires.

En 1912, fort de ses connaissances dans les céréales, le Conservatoire national des arts et métiers de Paris le recrute comme professeur d'agriculture.

gregor-mendel.jpg
Gregor Mendel

En 1900, un ouvrage de Gregor Mendel est redécouvert des années après sa première publication: « Lois de Mendel ». Ces lois sur la transmission des gènes de génération en génération représentent un véritable pas en avant pour la communauté scientifique, faisant de Mendel le père de la génétique. Louis Blaringhem sera parmi les premiers à s'y intéresser et surtout l'un des premiers professeurs à enseigner les travaux de Mendel.

Première Guerre Mondiale (1914-1918)

Le XXe siècle démarre sur fond de tensions très fortes entre différents pays européens. Il y a d'une part des blessures mal cicatrisées datant d'un XIXe siècle guerrier, les français n'ont par exemple pas digéré la perte de l'Alsace-Lorraine après la défaite de Napoléon III, nourrissant à l'encontre des allemands une rancune indéfectible. Exemple parmi d'autres en Europe des tensions qui l'habitent. D'autre part, des frictions économiques et coloniales n'arrangent rien à ce contexte très périlleux.
Extrait de la biographie de Georges Truffaut, professionnel du jardinage qui a lui aussi connu la Première Guerre Mondiale.

Si durant la Première Guerre Mondiale Georges Truffaut met ses compétences dans le jardinage au service de la France, ce n'est pas le cas de Louis Blaringhem. Bien qu'agronome, il sera utile autrement contre les allemands.

Dès 1914, Louis Blaringhem est mobilisé au 6e régiment territorial d'infanterie. D'abord comme sergent puis comme adjudant. En 1915, il est détaché à la Brigade des fusiliers marins.

Quelques mois plus tard, il devient officier d'artillerie au Service des fabrications de l'aviation. Louis Blaringhem le restera jusqu'à la fin de la guerre.

Une fois la Première Guerre Mondiale terminée, Louis Blaringhem est nommé chevalier de la légion d'honneur à titre militaire, il sera promu commandeur de la légion d'honneur la même année.

In God We Trust (1918-1927)

Après avoir été démobilisé, Louis Blaringhem retrouve en 1919 son poste de professeur d'agriculture au Conservatoire national des arts et métiers. Ce retour à la vie normale est toutefois bref, il est envoyé peu de temps après aux États-Unis comme « exchange-professor » de l'université de Paris, enseignant durant trois ans à l'Université d'Harvard. Le Conservatoire en profite pour lui confier une enquête sur l'enseignement technique américain.

À son retour en 1922 il devient maître de conférences de botanique, délégué de l'École normale, à la Sorbonne.

L'année suivante, Louis Blaringhem publie « Pasteur et le transformisme ».

La reconnaissance (1927-1949)

Suite au succès de son livre et fort de plus de 300 travaux publiés, Louis Blaringhem peut désormais compter sur une grande notoriété au sein de la communauté scientifique. Les nominations importantes et honorifiques vont alors se succéder.

En 1927, Louis Blaringhem est désigné comme président de la « Section de langue française » au cinquième congrès international de génétique.

En 1928, Louis Blaringhem est élu membre de l'Académie des Sciences, section botanique.

hiro-hito.jpg
Hiro Hito, Empereur du Japon.

En 1929, il devient directeur de la « Maison Franco-Japonaise », c'est à ce titre qu'il rencontrera à plusieurs reprises l'Empereur du Japon, Hiro Hito, lequel est un lecteur assidu de Louis Blaringhem.

En 1930, Louis Blaringhem est élu président de la « Société botanique de France ».

De 1930 à 1949 Louis Blaringhem est professeur titulaire à la Sorbonne.

marius-moutet.jpg
Marius Moutet

En 1946 Louis Blaringhem participe comme président d'honneur, aux côtés de Li Yu Ying, agronome, pédagogue et recteur de l'université de Pékin, ainsi que du ministre français d'Outre-mer, Marius Moutet, au « Grand congrès du soja », à Paris.

En 1947, des années après avoir été élu à l'Académie des Sciences, Louis Blaringhem en devient le président.

Les dernières années de Louis Blaringhem (1949-1958)

En 1949, désormais âgé de 71 ans, Louis Blaringhem peine à gérer correctement l'ensemble de ses fonctions, par ailleurs, sa santé déclinante devient un sujet de préoccupation.

Dans son entourage professionnel, ils sont de plus en plus nombreux à lui parler de retraite, une certaine impatience commence même à naître. Mais Louis Blaringhem, bourreau de travail, refuse de l'envisager. La diplomatie ne produisant pas les résultats escomptés, il est finalement « mis à la retraite » en fin d'année.

Louis Blaringhem, qui ne se voyait pas retraité avant encore quelques années, parvient tout de même à conserver la direction de l'Arboretum de la Maulévrie et un laboratoire à la Sorbonne. Mais à mesure que le temps passe, il travaille de plus en plus de chez lui, consacrant ses dernières années au jardinage et à quelques publications épisodiques.

Finalement, le 1er janvier 1958, Louis Blaringhem s'éteint à 79 ans.

Boutique en ligne

Publié par sur Jardin Secrets le 31-08-2014

Commentaires des internautes

Cliquer ici pour publier un commentaire (aucune inscription requise)