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Jules Hardouin-Mansart : Biographie

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Jules Hardouin-Mansart

Né le 16 avril 1646
Décédé le 11 mai 1708
Architecte et paysagiste
Architecte du Château de Versailles et créateur de son Orangerie

Les vertes années de Jules Hardouin-Mansart (1646-1666)

Jules Hardouin-Mansart est né à Paris le 16 avril 1646, la même année que Charles Plumier.

Son père, Raphaël Hardouin, est peintre ordinaire du roi. Son grand-père maternel, Germain Gaultier, est architecte et sculpteur, auteur notamment du palais du parlement de Bretagne et beau-frère de l'architecte François Mansart, lui-même ancien maître d'André Le Nôtre. Son arrière-grand-père maternel, Michel Gaultier, est sculpteur et beau-frère du sculpteur Germain Pilon, l'un des plus prestigieux de la Renaissance.

François Mansart, acariâtre et solitaire, est finalement resté célibataire toute sa vie malgré sa fortune et sa notoriété. N'ayant ainsi pas eu d'enfant, même illégitime, piété oblige, il développa une certaine tendresse à l'égard de ses petits-neveux Pierre Delisle et Jules Hardoin ; léguant à chacun d'eux la moitié de sa fortune et son nom qu'il souhaitait voir perdurer. Tous deux devinrent architectes mais seul Jules Hardouin honora véritablement le nom qui lui fut légué, bien que Pierre Delisle fit correctement carrière.

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Charles Poërson, Libéral Bruant et Jules Hardouin-Mansart.

On sait François Mansart impliqué dans l'éducation de son petit-neveu, particulièrement durant son adolescence, l'initiant à l'architecture et au jardinage, lui faisant apprendre le dessin auprès de Charles Poërson. En 1661, alors que Jules Hardouin-Mansart est âgé de 15 ans, il le confie au peintre Libéral Bruant qui lui enseigne la « stéréotomie », l'ancêtre du dessin technique. C'est au côté de Libéral Bruant qu'il commence à fréquenter les chantiers, notamment ceux de la Salpêtrière et celui des Invalides.

Les grands débuts, le Château de Pomponne (1666-1668)

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Robert Arnauld d'Andilly

En 1660, son père se retirant à Port-Royal des Champs, Arnauld de Pomponne hérite du château de la seigneurie familiale. Laissé à l'abandon depuis des années, le Château de Pomponne est dans un état lamentable, il lui faut alors dépenser 6000 livres juste pour le remettre en état. Finalement de retour en 1664, Robert Arnauld d'Andilly, père d'Arnauld de Pomponne, reprend le château.

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Château de Pomponne vers 1680.

Jugeant les rénovations de son fils trop modestes, il souhaite lui donner une seconde jeunesse et demande à François Mansart de lui soumettre un projet. En 1666, François Mansart décède avant d'avoir terminé les plans. Pour Jules Hardouin-Mansart, c'est l'occasion de se distinguer. Certes jeune, il a toutefois été formé par les meilleurs, il termine donc lui-même les plans de son grand-oncle et les soumets à Robert Arnauld d'Andilly qui les approuve, lui donnant même le feu vert pour diriger le chantier lui-même.

Un mariage suivi de belles rencontres (1668-1675)

L'exécution des travaux est un franc succès grâce auquel Jules Hardouin-Mansart prend la suite de son grand-oncle, se retrouvant ainsi à la tête d'un très beau portefeuille de clients à tout juste 22 ans. Désormais un professionnel bien installé aux finances confortables, les jeunes filles de la capitale lui font les yeux doux. Il épouse finalement Anne Bodin le 3 février 1668, fille d'un officier de la prévôté de Paris avec laquelle il aura 5 enfants.

Durant les années qui suivent, Jules Hardouin-Mansart travaille sur plusieurs Hôtels particuliers et est sollicité pour l'Hôtel de ville d'Arles, sa première création est le Petit Hôtel de Conti (actuel hôtel L'Averdy) dans l'enceinte de la monnaie de Paris.

Il fait par ailleurs la connaissance du jardinier et architecte André Le Nôtre dans les années 70. Couronné de succès avec les Jardins de Versailles, le roi du jardinage est alors à son apogée. Malgré les trois décennies qui les séparent, le courant passe immédiatement. Jules Hardouin-Mansart et André Le Nôtre sont assez proches à bien des égards, ils ont notamment en commun les enseignements de François Mansart et des styles très similaires. André Le Nôtre, pris de sympathie pour ce jeune qui monte, l'introduit à la cour de France.

Les mises à l'épreuve (1675-1678)

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Jean-Baptiste Colbert

Aussitôt introduit à la cour de France, Jules Hardouin-Mansart est remarqué par Jean-Baptiste Colbert, dit Colbert, l'un des principaux ministre de Louis XIV et à l'origine de la doctrine économique qui porte son nom: le colbertisme.

À cette époque, Louis XIV désire un pied-à-terre dans les environs de Paris. Colbert en profite pour mettre Jules Hardouin-Mansart à l'épreuve en 1675. Il lui est demandé de transformer la Maison du Val, simple maison dans la forêt de Saint Germain, en pied-à-terre royal. Il travaille sur ce projet jusqu'en 1677, transformant la maison en château et ajoutant une immense terrasse pour le plus grand bonheur du roi.

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Madame de Montespan

Quelques mois avant la fin des travaux, Madame de Montespan, qui suit les travaux de la Maison du Val, est à son tour conquise par le jeune architecte. En sa qualité de « favorite du roi », elle demande à Louis XIV d'avoir son propre château et souhaite que Jules Hardouin-Mansart en soit l'architecte. Le roi accède aux deux demandes, Mansart se met alors au travail et dessine les plans du Château de Clagny.


François Michel Le Tellier de Louvois

Au même moment, après voir été remarqué par Colbert, c'est un autre ministre de Louix XIV, François Michel Le Tellier de Louvois, dit Louvois, qui s'intéresse à Jules Hardouin-Mansart. Il lui demande de travailler sur l'Église Royale des Invalides et l'Église des Soldats surnommée l'Église Saint Louis des Invalides.

En 1677, Jules Hardouin-Mansart conçoit la Place Vendôme.

Les grands projets, les honneurs, du jardinage à Versailles (1678-1699)

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Versailles côté écuries en 1682.

Alors qu'André Le Nôtre vient d'achever son tour de force dans le jardinage avec les Jardins de Versailles, imposant le jardin à la française à l'Europe entière, Louis XIV souhaite rénover complètement le château, ayant pour projet de faire de Versailles le Palais Royal. Convaincu par le potentiel de Jules Hardouin-Mansart, il lui confie le projet en 1678. Il se met au travail et peu à peu, le Château de Versailles prend la forme qu'on lui connaît aujourd'hui. La galerie des Glaces et ses salons jumeaux, le salon de la Guerre, le salon de la Paix, les ailes nord, les ailes sud etc.

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Orangerie du Château de Versailles.

De plus, Jules Hardouin-Mansart se permet dès les premiers mois de modifier les jardins d'André Le Nôtre pour y ériger une nouvelle orangerie, alors même que le jardinage n'est pas son métier. Pour André Le Nôtre, la chose est vécue comme un affront et est d'autant plus mal vécue qu'il espérait également s'occuper du château, le jardinage n'étant pas sa seule compétence, il est lui aussi architecte en plus d'être paysagiste.

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Château de Marly en 1705.

En 1679, le Château de Marly est confié à Jules Hardouin-Mansart.

En 1681, Jules Hardouin-Mansart est nommé premier architecte du roi. Cette fonction abolie des années plus tôt a été réinstaurée en son honneur par Louis XIV. Il est désormais jusqu'à nouvel ordre l'architecte à vie du Château de Versailles, ce qu'il sera en effet jusqu'à sa mort.

Les relations entre Jules Hardouin-Mansart et André Le Nôtre, qui sont distantes depuis quelques temps déjà, se tendent encore davantage ; l'ascension rapide du jeune architecte commence sérieusement à faire de l'ombre à André Le Nôtre. Bien qu'immensément respecté et toujours prisé par la noblesse de France et d'Europe pour laquelle il est une légende vivante du jardinage, André Le Nôtre voit bien que son règne au sein de la cour de France a davantage des airs de crépuscule que d'aurore.

En 1682, émerveillé par le travail de Jules Hardouin-Mansart, Louis XIV fait officiellement de Versailles le Palais Royal. Il souhaite également récompenser l'architecte avec l'Ordre de Saint Louis, n'étant cependant pas noble, Mansart ne peut y prétendre. Louis XIV s'empresse alors de régulariser la situation en anoblissant préalablement l'architecte, montrant combien il l'estime. Élevé au rang de comte, il ne peut toutefois faire valoir son titre, n'étant propriétaire d'aucun comté ; portant tout de même symboliquement le titre d'écuyer qui ne requiert aucune propriété.

En 1685, Jules Hardouin-Mansart devient Inspecteur Général des Bâtiments et croule sous les chantiers. Devant commencer à déléguer, il crée alors un « Bureau des dessinateurs » qui fera bientôt travailler un grand nombre de personnes.

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François d'Aubigné dite Madame de Maintenon

En 1686, après avoir oeuvré sur le château de Madame de Montespan désormais en disgrâce, Jules Hardouin-Mansart dessine les plans de la maison de Saint Cyr pour Madame de Maintenon, ancienne maîtresse du roi devenu secrètement son épouse en 1683, l'année même de la mort de Marie-Thérèse d'Autriche. Louis XIV aurait normalement dû conforter les intérêts de la France en épousant Isabelle du Portugal ou Anne-Marie-Louise de Toscane mais préféra écouter ses sentiments plutôt que l'intérêt national, ce qui valut à Madame de Maintenon, en plus de son caractère difficile et dominateur, d'être détestée par l'ensemble de la cour. Sur le plan politique, Mansart doit faire attention à ne déplaire à personne.

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Le Trianon en 1688.

En 1687, Louis XIV démarre le chantier du Trianon, qui a pour lui une importance toute particulière « J'ai fait Versailles pour ma Cour, Marly pour mes amis et Trianon pour moi. ». Jules Hardouin-Mansart hérite du château et se retrouve, comme André Le Nôtre sur d'autres projets, à devoir gérer l'ingérence grandissante de Louis XIV. Le projet démarre mal, le roi refusant les grands toits à la française dessinés par Mansart, modifiant les arcades sans prévenir le premier concerné, imposant ses choix sur la pierre etc. Il passe même ses journées à surveiller les travaux, ayant établi son quartier général sous une tente installée sur le chantier. Attentif au moindre détail, il fera remarquer qu'une fenêtre est très légèrement plus petite que les autres, ce que personne ne distinguera, faisant alors venir André Le Nôtre qui fera toutes les mesures et donnera raison au roi.

Tant pour André Le Nôtre que pour Jules Hardouin-Mansart et tous les grands paysagistes, peintres, architectes etc. Louis XIV devient un harceleur que plus personne ne peut supporter, même si chacun fait bonne figure devant le roi. Louvois commence même à se demander si la situation ne va pas dégénérer et s'efforce de détourner son attention.

Jules Hardouin-Mansart multiplie dans les années qui suivent les projets pour le roi, l'Église et les grands d'Europe. En 1693, André Le Nôtre se retire, ne gardant qu'une poignée de clients prestigieux pour occuper sa retraite, lui offrant ainsi un véritable boulevard. Désormais libéré de son rival, Mansart est partout et se retrouve vite à la tête d'une immense fortune.

Les dernières années de Jules Hardouin-Mansart (1699-1708)

En 1699, il acquiert pour 130.000 livres le comté de Sagonne et peut ainsi enfin porter le titre de comte. La même année il est nommé surintendant des bâtiments du roi, nomination ô combien exceptionnelle pour un simple architecte de souche prolétaire, même anobli. Louis XIV ne cache pas que Jules Hardouin-Mansart est son favori au sein de la cour, ce qui n'est pas sans créer des rivalités au concerné.

Il meurt subitement le 11 mai 1708, la même année que Joseph Pitton de Tournefort, laissant à ses 5 enfants une fortune estimée à 1.500.000 livres et une impressionnante collection d'oeuvres d'art, mais surtout en ayant divinement fait honneur à son grand-oncle.

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Publié par Jean-Charles Pouzet sur Jardin Secrets le 09-08-2014

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