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Michel Kerguélen : Biographie

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Michel Kerguélen

Né le 20 juillet 1928
Décédé le 29 juin 1999
Botaniste
Créateur de l'index synonymique de la flore de France.

Les vertes années de Michel Kerguélen (1928-1950)

Michel Kerguélen est né le 20 juillet 1928 à Paris dans une famille d'origine bretonne. Son père, François-Xavier Kerguélen, est professeur de grec et de latin au lycée Janson-de-Sailly. Sa mère, Germaine Kerguélen née Belot, est femme au foyer.

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Photo de classe, Michel Kerguélen est à gauche du professeur.

Après une enfance sans histoire, il effectue ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, celui où enseigne son père. Pour l'anecdote, l'un de ses camarades de classe, présent sur la photo, deviendra le troisième président de la Ve République, Valéry Giscard d'Estaing ; par ailleurs lui-même amateur de jardinage.

Une fois son baccalauréat scientifique en poche, Michel Kerguélen se cherche un temps, s'intéressant à de nombreux sujets, diverses sciences, le jardinage, les plantes etc.

C'est finalement l'agriculture qui l'emporte, Michel Kerguélen passe alors le concours de l'Institut National Agronomique Paris-Grignon (aujourd'hui « AgroParisTech » depuis sa fusion avec l'ENSIA et l'ENGREF). Élève doué, c'est septième d'une promotion de cent qu'il deviendra ingénieur agronome.

La pénurie alimentaire de l'après-guerre, jardinage et agronomie (1950-1977)

Dans la France de l'après-guerre, une pénurie alimentaire frappe la population. L'agriculture française, du fait de son retard important sur le plan agronomique, ne peut y remédier ; ironie du sort puisque le père de l'agronomie, Olivier de Serres, est français.

C'est la raison pour laquelle l'INRA (Institut National de Recherche Agronomique) est crée en 1946, avec pour mission principale de faire faire un bond à l'agriculture française. C'est aussi l'origine, de fait louable à l'époque, de l'agriculture « productiviste » (ou « intensive »). Michel Kerguélen y est recruté dans les années 50 après son service militaire et y travaille sur les plantes fourragères.

Collaborant avec le laboratoire des plantes fourragères du CNRA de Versailles, Michel Kerguélen accroît ses connaissances et s'associe à l'élaboration des systèmes de fumure des graminées. Ses recherches, grâce à leur impact sur la production des prairies, contribuent à la relance de l'agriculture française.

Désormais incollable sur les plantes fourragères, Michel Kerguélen envoie ses recommandations pour améliorer les traitements, résoudre les difficultés de production fourragère et d'élevage, faire adopter l'exploitation des prairies temporaires, offrir de nouvelles méthodes pour atteindre une exploitation plus profitable et améliorer le niveau de vie des agriculteurs.

En 1955, la revue « Semailles » publie quatre articles de Michel Kerguélen sur l'intensification fourragère:

- La prairie temporaire ;
- Les problèmes d'exploitation rationnelle des herbages ;
- Quelques précisions sur le semis et l'exploitation des prairies temporaires ;
- Les chaînes de pâturage.

En 1969, Michel Kerguélen est propulsé directeur du service d'identification à la Station nationale d'essais des semences et devient un éminent spécialiste des graminées et de systématique botanique. Les témoignages de ses pairs au sujet de son travail sont pour le moins élogieux:

« Michel Kerguélen a beaucoup apporté à notre laboratoire et au monde scientifique en botanique. Il a contribué à standardiser l'appellation de nombreuses espèces de plantes, contribuant ainsi à faciliter les échanges commerciaux de semences, fournissant des outils de compréhension au niveau international »
Joël Léchappé, directeur de la Station nationale d'essais des semences.

Dans les années qui suivent, sous l'impulsion du botaniste Paul Auquier, Michel Kerguélen se passionne pour les fétuques et conduit des recherches dans ce sens.

Un premier ouvrage (1977-1989)

En 1977, Michel Kerguélen publie « Un groupe embrouille de Festuca (Poaceae) » avec Paul Auquier.

Michel Kerguélen travaille ensuite sur la taxonomie complexe du genre Festuca pour lequel il propose par ailleurs des espèces nouvelles. Il publie en 1989 l'ouvrage « Les Festuca de la flore de France » avec le botaniste François Plonka.

Cet ouvrage de Michel Kerguélen connaît un grand succès:

« Magnifique démonstration de ce que doit être la taxonomie moderne, nourrie d'une tradition longue et nécessaire... Elle est certes indispensable à tous les botanistes de terrain, mais elle devrait être aussi un modèle de ce que peut être la recherche taxonomique dans les universités et les musées du pays ; pas mal d'autres genres appelleraient en effet une approche comparable à celle à laquelle M. Kerguélen, rejoint ensuite par F. Plonka, a consacré pendant des décennies des efforts couronnés aujourd'hui d'un évident succès »
Jacques Lambinon, professeur à l'Université de Liège.

« Identification de semences, création d'une collection de référence, expérimentation sur les taxons cultivés ou les espèces sauvages, révisions systématiques, problèmes de stabilisation des nomenclatures... Michel Kerguélen étudia nombre d'adventices, appréhenda très bien la question de l'acclimatation d'espèces allochtones, introduites volontairement ou non. »
Gérard-Guy Aymonin, professeur et botaniste au sein du Muséum national d'histoire naturelle.

« Michel Kerguélen recevait un abondant courrier et de nombreux paquets de plantes à déterminer. Son laboratoire en était encombré et sur sa grande table il y avait un tel amoncellement d'échantillons de plantes et de lettres sans réponses que le directeur, M. Hutin, venu pour lui apporter un message téléphonique, ne trouvant aucun endroit pour le déposer a dû le suspendre au plafond »
François Plonka.

Index synonymique de la flore de France (1989-1997)

Michel Kerguélen multiplie ensuite ses travaux sur le terrain, herborisant à travers tout le pays, n'hésitant pas à s'associer à toutes les sociétés botaniques de France. Perfectionniste, il collecte, compare, étudie et enregistre toute plante nouvellement découverte. Peu à peu, ce qui deviendra bientôt un immense index prend forme.

En 1991, Michel Kerguélen prend sa retraite à 63 ans. La somme de ses herborisations et recherches étant considérable, il consacre sa retraite à la mise en place d'un index, se rendant inlassablement chaque matin au Muséum national d'histoire naturelle pour y travailler.

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Couverture de l'Index synonymique de la Flore de France.

En 1993, c'est la consécration lorsque l'Index synonymique de la Flore de France voit le jour, une liste alphabétique des taxons de la flore spontanée et cultivée française, leurs synonymes et leurs hybrides. Surnommé l'« Index de Kerguélen », il contient autour de 62.000 citations de taxons. La syntaxe employée est conforme aux règles du Code International de la Nomenclature Botanique ; elle est complétée par les références bibliographiques de la diagnose des taxons, des nombre chromosomiques et par la citation des espèces types des genres.

Après la publication de son index, Michel Kerguélen distribue sur disquettes des versions postérieures à 1993 à toute personne désireuse de posséder une version à jour.

En 1994, Henry Brisse et Michel Kerguélen publient le CIFF, Code Informatisé de la Flore de France, ouvrage de 189 pages.

De 1994 à sa mort, Michel Kerguélen envoie à Henry Brisse près de 600 pages d'ajouts et de corrections.

Les dernières années de Michel Kerguélen (1997-1999)

Véritable bible à la disposition des botanistes professionnels et amateurs, le Muséum national d'histoire naturelle fait de l'Index synonymique de la Flore de France de Michel Kerguélen un index de référence.

À partir de 1997, ayant bien compris l'ampleur que prendrait internet dans les années à venir et soucieux que son travail ne soit pas réservé à une élite de privilégiés, Michel Kerguélen prend des dispositions pour qu'une version html de l'index soit développée et mise librement à disposition de la population.

En 1998, alors qu'internet est encore relativement balbutiant, l'index de Michel Kerguélen est mis en ligne.

Le 29 juin 1999, Michel Kerguélen s'éteint à 70 ans. Son index est alors transmis à Benoît Bock qui entreprend, dans le cadre du réseau Tela botanica, sa transformation en base de données. La BDNFF apparaîtra officiellement dans sa première version en 2001 après plus de 2000 heures de travail.

Lien vers l'index: http://www2.dijon.inra.fr/flore-france/.

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Publié par sur Jardin Secrets le 14-09-2014

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