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André Leroy : Biographie

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André Leroy

Né le 30 août 1801
Décédé le 23 juillet 1875
Pépiniériste
Cocréateur du Jardin du Mail à Angers et auteur à succès.

Les vertes années d'André Leroy (1801-1819)

André Leroy est né le 30 août 1801 à Angers, dans une famille alors bien connue des amateurs angevins de jardinage. Les Leroy sont jardiniers et pépiniéristes depuis plusieurs générations, depuis 1730 si l'on en croit les archives officielles, 1698 selon la famille Leroy.

Durant sa jeunesse, André Leroy apprend ainsi, après l'école, le jardinage et l'horticulture avec André-Pierre Leroy, son père. Toutefois, André-Pierre Leroy décède jeune, en 1809 à 41 ans. C'est alors sa veuve, Marie Leroy née Samoyeau, qui assure la gestion de la pépinière familiale, son fils l'aidant de plus en plus à mesure qu'il grandit.

La rencontre avec André Thouin et l'école de jardinage (1819-1822)

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André Thouin

Fin 1819, à 18 ans, désireux de parfaire ses connaissances, André Leroy part à Paris étudier le jardinage et la botanique auprès du jardinier et botaniste André Thouin. Il sera parmi les derniers élèves de ce grand jardinier qui décède en 1824.

André Thouin (1747-1824) était de son vivant une sommité dans la botanique, le jardinage et l'agronomie. Grand pédagogue, il est le créateur en 1806 d'une école d'agriculture et de jardinage qui formera des générations de jardiniers et de botanistes, notamment le jardinier Nicolas Bréon ou encore le jardinier et inventeur du béton armé Joseph Monier. Avant la création de cette école, il prend sous son aile de jeunes talents, notamment Joseph de Boissieu qui s'intéresse depuis quelques temps à la botanique.
Extrait de la biographie de Joseph de Boissieu, botaniste de l'Expédition de la Pérouse.

Un jeune chef d'entreprise (1822-1840)

En 1822, André Leroy revient à Angers et prend la direction de la pépinière Leroy à 22 ans.

Durant ses premières années de chef d'entreprise, André Leroy démontre une immense capacité d'adaptation. Ignorant tout du monde des affaires, il comprend très vite que le professionnalisme, la sueur et la qualité des produits et des prestations permettent de durer mais pas de croître, la clé de la croissance d'une entreprise se trouve en réalité dans le réseau de son dirigeant.

Or, le réseau est précisément ce qui fait défaut à André Leroy. Il s'efforce alors de fréquenter le gratin local de la politique et des affaires, parvenant peu à peu, grâce à un entregent de plus en plus maîtrisé, à devenir un mondain présent dans tous les grands événements et dîners.

La stratégie est ô combien payante, plus l'entreprise de séduction d'André Leroy progresse, plus ses affaires en bénéficient. À son arrivée en 1822, la pépinière Leroy cultive sur 4 hectares environ et n'a qu'un salarié ; huit ans plus tard, en 1830, la surface a quasiment quadruplé pour faire face à la demande et les recrutements ont commencé. Mais ce n'est encore qu'un début, avoir des relations haut placées lui permet d'obtenir des commandes de plus en plus juteuses, aussi continue-t-il à méthodiquement tisser sa toile.

En 1828, André Leroy épouse Marie-Augustine Mathieu avec laquelle il aura trois enfants. Fragilisé par un accouchement difficile, l'aîné ne survivra toutefois pas, décédant six semaines après sa naissance. Ils auront ensuite deux filles, Marie et Augustine-Alix.

Quelques années plus tard, le tout-Angers connaît le pépiniériste qui est devenu un notable très influent. En 1840, sa pépinière s'étend sur 75 hectares et emploie près de 150 salariés.

Plus qu'un professionnel du jardinage: un politique (1840-1851)

À partir de 1840, sa popularité est d'ailleurs telle qu'on le pousse, à l'approche des élections municipales, à se lancer en politique. Il se présente et n'a aucun mal à se faire élire conseiller municipal de la ville d'Angers, un mandat qui a l'avantage de ne pas être trop accaparant tout en augmentant son influence.

En parallèle, André Leroy développe considérablement le volet arboricole de sa pépinière. Le trio de tête se compose de poiriers, pommiers et vignes ; s'ajoutent ensuite des centaines de cerisiers, pruniers et pêchers. Se trouvent finalement, avec un nombre important de variétés, des abricotiers, amandiers, châtaigniers, cognassiers, figuiers, néfliers, mûriers, noyers, oliviers, cornouillers, noisetiers, épines-vinettes, framboisiers et des fraisiers.

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Louis d'Orléans et Louis-Philippe Ier.

De plus en plus, sa pépinière fait parler d'elle au-delà d'Angers. En 1843, une visite de la plus haute importance lui permet de gagner encore en popularité, notamment à Paris, celle du prince Louis d'Orléans, duc de Nemours et fils de Louis-Philippe Ier, (dernier) roi de France. Désireux d'exploiter cette renommée nouvelle, il tentera d'ouvrir une succursale à Paris mais sans succès, se rabattant alors sur une autre grande ville, New-York. Grâce à New-York, le marché américain, qu'il connaît déjà un peu pour y avoir commercé occasionnellement, lui ouvre alors grand les bras.

Un catalogue pour les amateurs de jardinage (1851-1863)

En 1851, André Leroy marie sa fille Marie au peintre Eugène Appert. Contrairement à d'autres peintres, Eugène Appert connaît un véritable succès de son vivant, il triomphe notamment au Salon de Paris de 1837 à 1865 et croule sous les commandes. Église sainte Marie, hôpital d'Angers, Tuileries, Louvre, son talent séduit des commanditaires de premiers plans.

À partir de 1855, André Leroy publie annuellement un « Catalogue général descriptif et raisonné » de sa production. Ce catalogue n'est pas qu'une vitrine papier, il est également un support pédagogique sur le jardinage qui séduit bien au-delà de ses clients et prospects ; beaucoup le conservent avec soin pour y consulter les notions générales de culture qui y sont exposées en tête de chaque genre, d'autres encore n'hésitent pas à ouvertement s'en inspirer pour la rédaction de livres sur le jardinage.

Toujours en 1855, André Leroy, qui est désormais un homme fortuné et au sommet de la hiérarchie sociale, reçoit la légion d'honneur.

En 1857, un horticulteur de Bourges, Charles André, place son fils Édouard comme apprenti au sein de la maison Leroy. Bien qu'André Leroy n'ait guère le temps de s'occuper des apprentis qui vont et viennent dans sa pépinière, il se prend de sympathie pour ce jeune homme et ne manque pas de lui enseigner les ficelles du métier dès qu'il en a l'occasion. Quelques années plus tard, Édouard André deviendra l'un des plus grands paysagistes du XIXe.

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Jardin du Mail

En 1859, le « Jardin du Mail », laissé à l'abandon depuis des lustres, va être réaménagé. Ce jardin angevin du XVIIe était à l'origine une aire de jeu dédié au « mail », un sport ancien déjà très démodé à cette époque, ancêtre notamment du golf, du croquet et du billard. Un nouveau tracé de ce jardin à la française cher à André le Nôtre est alors élaboré par André Leroy. Aujourd'hui, ses couloirs de verdure et ses parterres de fleurs accueillent toujours un grand nombre d'enfants et de joueurs de boule, demeurant un lieu très populaire où les angevins peuvent se promener au milieu de 40.000 plantes (entre 20.000 et 30.000 fleurs).

En 1860, André Leroy marie sa fille Augustine-Alix à Édouard Loriol de Barny qui deviendra maire (orléaniste) d'Angers en 1877.

Durant les années 60, André Leroy continue de publier chaque année un catalogue désormais très attendu par les amateurs de jardinage. De grands professionnels font même publiquement l'éloge de ses catalogues, au rang desquels Louis Tavernier, agronome important du XIXe qui en fait une description sans équivoque: « L'oeuvre dont j'ai à vous rendre compte est en effet, par sa disposition et par les matières qu'elle contient, un livre véritable, utile non-seulement sous le rapport de la nomenclature et de la description des plantes, mais encore au point de vue des notions pratiques de plantation et de culture. ».

Dictionnaire de pomologie, les dernières années d'André Leroy (1863-1875)

Motivé par le succès de ses catalogues et les critiques dithyrambiques de ses pairs à leur sujet, André Leroy décide de se baser sur les informations qu'ils contiennent pour publier un véritable ouvrage sur le jardinage. À partir de 1863, il démarre alors un long travail de compilation des huit catalogues déjà publiés, en profitant au passage pour rajouter de précieuses informations.

C'est ainsi que sort progressivement le célèbre « Dictionnaire de pomologie » en six tomes, plus de 3000 pages entièrement consacrées à l'arboriculture:

  • Poires (A à C): 389 variétés - 1867
  • Poires (D à Z): 526 variétés - 1869
  • Pommes (A à L): 258 variétés - 1873
  • Pommes (M à Z): 269 variétés - 1873
  • Abricots et cerises: 43 variétés et 127 variétés - 1877
  • Pêches: 143 variétés - 1879

En 1875, André Leroy, héritier modeste d'une pépinière de 4 hectares, décède à 74 ans en laissant aux siens une pépinière internationale de 168 hectares employant 300 salariés. Les quatre premiers tomes du Dictionnaire de pomologie sont couronnés de succès, son collègue et ami Bonneserre de Saint-Denis partira de ses notes pour achever les deux derniers tomes.

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Publié par sur Jardin Secrets le 21-09-2014

Commentaires des internautes

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Très bien !
Les Croqueurs de pommes | 29-10-2014 à 14:33:44 | Répondre